Anita Pellerin, survivante du cancer depuis 60 ans : "La vie vaut la peine d'être vécue !"

Il y a tout juste soixante ans, Anita Pellerin s’apprêtait à démarrer sa carrière d’enseignante en éducation physique lorsqu’un diagnostic médical est venu modifier le cours de son existence. Contre toute attente, elle a déjoué la fatalité et a pu vivre son rêve.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

 

Fille de Léa Poirier et de David Pellerin, Anita Pellerin a vu le jour à Shediac, dans la maison de ses grands-parents, aujourd’hui disparue, qui était située sur la promenade Riverside. Elle réside toujours dans la capitale mondiale du homard, mais sa vie aurait pu s’arrêter brusquement à l’aube de grandes espérances, dans le courant de l’été 1962.

À 23 ans, diplômée de l’École normale de Fredericton, elle se préparait à enseigner le sport quand un problème de santé, qu’elle pensait bénin, a bouleversé sa destinée.

« J’avais une douleur au niveau du fémur, ma jambe était enflée. Le Dr. Omer Gallant m’a fait une radiographie. Deux semaines après, il m’a dit qu’il y avait une tumeur, mais ça ne semblait pas plus grave que ça. Il m’a envoyée voir un orthopédiste, le Dr. Eli Ewart, qui m’a fait entrer à l’hôpital Hôtel-Dieu. Ils ont fait une biopsie le 4 août. Je ne savais pas si c’était grave. Je ne l’ai appris que le 20 août. »

Anita confie que jamais le mot en « C » n’a été prononcé par les médecins. Peut-être ces derniers voulaient-ils ménager la jeune femme et ne pas l’alarmer. C’est l’aumônier de l’hôpital qui lui a annoncé la gravité de son état. La tumeur avait attaqué la moelle. Les autorités médicales lui ont dit que, sans une opération draconienne, elle n’avait que quelques mois devant elle. Pour espérer « prolonger sa vie », il fallait l’amputer de sa jambe droite. L’opération s’est déroulée le 22 août 1962.

« Ç’a été un choc mais j’ai bien accepté ça. »

Anita a affronté l’adversité. Se considère-t-elle comme une miraculée ? Elle préfère dire qu’elle a trouvé puisé son courage dans sa foi et sa résilience dans un grand sens de l’humour. Ce sont ces ressources qu’elle couvait au tréfonds d’elle-même qui, au-delà de la rage de vaincre la maladie, lui ont donné le goût de vivre.

« Je suis croyante et pratiquante. Je ne me sentais jamais seule à l’intérieur de moi-même. Je sentais qu’il y avait quelqu’un sur qui je pouvais m’appuyer, et chaque fois que je priais, je trouvais du courage. »

Privée d’une jambe au-dessus du genou, elle ne s’est pas laissée abattre ni ne s’est apitoyée sur elle-même. Au contraire, elle a trouvé le moyen de réaliser son rêve. Puisqu’il ne pouvait plus être question d’éducation physique, Anita Pellerin est devenue enseignante pluridisciplinaire. Français, anglais, maths, sciences humaines : tout était à son programme. Elle a débuté en se tenant sur des béquilles !

« Au début, j’ai pu enseigner à 29 élèves de 6e année. Quand mon orthopédiste l’a appris, il n’en revenait pas. Finalement j’ai pu avoir une prothèse. J’ai eu de la difficulté avec, mais j’ai appris. Les élèves étaient généreux, les autres professeurs aussi. Finalement, j’ai mieux aimé comme ceci, car j’étais en classe avec les enfants. »

Anita Pellerin est fière d’avoir eu un impact sur les jeunes qui ont suivi ses cours. Comme toute enseignante de la « vieille école » pour qui la transmission du savoir avait valeur de sacerdoce, elle se souvient des noms de ses anciens élèves et les reconnaît quand il lui arrive d’en croiser certains.

« Il y a des élèves qui m’ont dit : Anita, tu as eu tout un impact sur notre vie. Ça me donnait tellement du courage ! Je ne voulais surtout pas traumatiser les plus jeunes avec ce qui m’était arrivé, alors je leur disais : je suis bien maintenant, on ne parle plus de ça ! »

Mme Pellerin a pris une retraite anticipée en 1995. Au fil du temps, sa mobilité somme toute difficile s’accommodait de plus en plus mal des conditions hivernales. Après avoir enseigné pendant 16 ans aux élèves de huitième année, c’est par choix qu’elle a terminé sa carrière avec les plus petits, ceux de la 5e.

« Je me suis fait de bons amis avec mes élèves, j’ai adoré ma carrière. J’en garde des souvenirs extraordinaires. Je me rappellerai toujours de ma dernière classe. Ils savaient que j’allais prendre ma retraite et m’ont dit : on est fiers, il n’y a personne d’autre qui t’aura ! »

À 83 ans, Anita Pellerin est toujours active et tient à rester dans son appartement de la rue Gallagher. Très engagée sur le plan communautaire, elle figure au Mur de la Renommée du Centre multifonctionnel de Shediac au titre de l’action bénévole. Ses bonnes œuvres de prédilection sont le Vestiaire Saint-Joseph et le Centre de ressources et de crises familiales Beauséjour.

« La vie vaut la peine d’être vécue ! » dit-elle dans un grand sourire. Son message d’espoir très inspirant réchauffe le cœur comme un soleil d’été.

 

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Titre : Anita
Légende : Après avoir survécu à une amputation, Anita Pellerin a pu réaliser son rêve d’enseignante. Retraitée depuis  plus de 25 ans, elle continue de donner du bonheur aux autres.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

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  • Date de création 17 août, 2022
  • Dernière mise à jour 17 août, 2022
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