Aide concrète pour les propriétaires de forêt victimes du derecho

Après un peu plus d’un an d’attente, les propriétaires de forêt de l’Est ontarien qui ont subi des dommages à la suite de la tempête derecho auront droit à un programme de reboisement.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

La Conservation de la Nation Sud (CNS) vise à aider les quelque 300 propriétaires de petites forêts d’Ottawa et des Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR) qui ont subi des dégâts lors de la tempête derecho en mai 2022.

L’organisme a obtenu 1 million de dollars sur cinq ans par l’entremise du programme fédéral 2 milliards d’arbres pour financer les travaux.

En débutant avec une visite du terrain par un professionnel pour estimer les dommages, l’aide inclut la récupération, l’entretien et la plantation des arbres. Le coût pour le reboisement est de 1,05$ par conifère et de 1,58$ par feuillus.

Les propriétaires de boisés des CUPR qui ont effectué des dépenses en lien avec le derecho dans la dernière année pourront également être remboursés. Cette aide de 541 000$ a été offerte par le gouvernement de l’Ontario aux CUPR en mars dernier. La date limite pour l’application à cette indemnisation rétroactive est mars 2024.

Occasion de diversifier

La forestière professionnelle de la CNS, Caroline Goulet ne le cache pas. Ce ne sera pas tous les propriétaires qui pourront recevoir un appui. Le programme est d’abord réservé aux terrains de quatre hectares et plus. «Les possibilités de plantations serons étudiés cas par cas. Pour certains boisés naturels mixtes, en fonction de l’ampleur des dommages et de la régénération naturelle, il ne sera pas nécessaire de reboiser», ajoute Mme Goulet.

Cette nouvelle plantation donne l’occasion de concevoir des forêts plus diversifiées autant au niveau des espèces d’arbres que de leurs âges. «Une forêt de pins blancs qui a été détruite nous permet de varier le couvert forestier, explique Caroline Goulet. La biodiversité est essentielle à la résilience du boisé face aux intempéries comme les événements météorologiques extrêmes et les invasions d’insectes nuisibles. Une forêt mixte est beaucoup plus résistante qu’une monoculture.»

Elle n’a pas encore rendu visite à un propriétaire de boisé qui a fait application au programme, donc elle ne peut pas se prononcer sur l’ampleur des travaux qui devront être effectués. D’après le président de Boisés Est et biologiste Jean Saint-Pierre, il sera «extrêmement difficile de transplanter sur certains terrains étant donné la quantité énorme de résidus et les racines qui marquent le sol».

Des souvenirs à préserver

L’été dernier, la majorité des sentiers dans la forêt de Jeanne Drouin étaient inaccessibles. Les troncs d’arbres s’accotaient les uns sur les autres. Elle a pu bénéficier de l’aide de travailleurs forestiers qui ont nettoyé en partie ce champ de bataille durant l’hiver en échange de la récupération du bois.

Sauf que le travail n’est pas terminé. Les petits troncs d’arbres et les amas de branches se tassent au sol à perte de vue. Les repousses surprises n’apparaissent que le long du chemin principal de la forêt. Une régénération naturelle dans de telles conditions prendrait des décennies à être complétée.

«On ne serait pas en train de marcher ici si des travailleurs n’étaient pas venus cet hiver», dit-elle.

Nous nous promenons dans la forêt achetée par son grand-père en 1927. Ces 300 acres d’arbres ont une grande importance dans le cœur de la résidente de Senecal. «J’ai grandi sur ce terrain-là. Mon père récoltait le bois pour la construction et le chauffage. Avant, on entaillait les érables pour récolter le sirop. Ce sont de bons souvenirs.»

Celle qui possède une grande plantation de pins blancs voit le reboisement comme une occasion de diversifier sa forêt. «C’est sûr que je ne veux pas replanter la même espèce. J’ai de jeunes noyers et chênes que je peux transplanter.»

Malgré l’aide qu’elle a reçue, Mme Drouin est découragée par le temps que les gouvernements ont pris pour aider les victimes du derecho. «C’était pénible au début. Les gens semblaient endormis. On était laissé à nous-mêmes. Les gouvernements ne tenaient pas compte de l’importance de la forêt. Même si la forêt est privée, l’oxygène qu’elle fournit bénéficie à tous.»

«On s’est rapidement rendu compte qu’il y avait un laisser-faire chez les gouvernements, ajoute M. Saint-Pierre. Il a fallu persévérer pour apporter un changement de perspective.»

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Photos

Jeanne Drouin et son chien Tison nous font visiter leur forêt endommagée après le passage du Derecho l'an dernier. (Patrick Woodbury/Le Droit)

Les traces du derecho de mai 2022 sont encore très visibles dans l'Est ontarien. (Patrick Woodbury/Le Droit)

Les branches marquent le sol de la forêt de 300 acres de Jeanne Drouin. (Patrick Woodbury/Le Droit)

Les nouveaux arbres poussent tranquillement dans la forêt endommagée. (Patrick Woodbury/Le Droit)

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  • Date de création 14 juillet, 2023
  • Dernière mise à jour 14 juillet, 2023
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