Aide à l’emploi des personnes handicapées dans l’Est ontarien

La pénurie de main-d’œuvre continue à rendre l’économie difficile dans Prescott et Russell, où environ 3600 postes restent à pourvoir. Grâce à deux nouveaux projets financés par le gouvernement fédéral, les entreprises pourront se fier davantage aux personnes en situation de handicap, qui sont souvent délaissées par les employeurs.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

«Ce n’est pas un acte de charité que d’embaucher une personne handicapée. On les embauche parce qu’ils sont compétents», tient à clarifier Caroline Arcand, directrice générale du Centre de services à l’emploi de Prescott et Russell (CSEPR) en début de conférence de presse.

«La charge mentale des personnes handicapées a augmenté de façon énorme dans les quatre dernières années avec la pandémie», ajoute-t-elle.

Chez Centraide Est de l’Ontario, le nombre de demandes de personnes vivant avec un handicap a doublé durant la pandémie.

«Ça nous dit qu’il y a plus de sensibilisation à faire au niveau de la communauté et des entreprises, mentionne la directrice Nathalie Ladouceur. La pandémie a exacerbé les problématiques vécues par les personnes vulnérables en termes de santé mentale et d’isolement. Il est crucial pour nous de venir en aide aux personnes qui ne seraient pas prêtes à cogner à notre porte.»

Avec une enveloppe de 1,2 million de dollars du gouvernement fédéral, le CSEPR lancera donc une série d’ateliers adaptés aux différents défis que rencontrent les personnes vivant en situation de handicap afin qu’elles intègrent le marché du travail. À la suite de ces ateliers rémunérés, elles seront appuyées dans leur cheminement au travail. Pour les six premières semaines au boulot, l’employeur recevra des fonds pour payer 90% du salaire de l’employé. Ce programme d’une durée de trois ans permettra d’intégrer au moins 90 personnes sur le marché du travail dans l’Est ontarien.

Le deuxième programme, également financé par le fédéral d’une enveloppe de 100 000 dollars, sert à épauler les jeunes en situation vulnérable. Ce projet est un partenariat d’un an entre Centraide, Valoris et le CSEPR.

Stratégie marketing

La crainte des employeurs d’engager des personnes avec un handicap, en plus de l’inconfort de celles-ci à cogner aux portes fait en sorte que de nombreuses personnes en situation vulnérables se retrouvent sans emploi. En date de 2017, 59% des personnes ayant un handicap au Canada étaient sur le marché du travail.

Mme Arcand observe que certains employeurs craignent d’embaucher des personnes handicapées en raison des coûts supplémentaires. Des fonds sont toutefois disponibles pour que l’employeur adapte son environnement physique pour une personne ayant un handicap. «Il y a aussi la crainte de la performance, ajoute la directrice. Quand la personne est adaptée physiquement, il n’y a pas de problème. Pour ce qui est des déficiences du côté cognitif et intellectuel, cela dépend des tâches. Il faut s’assurer que la personne occupe un poste qui correspond à ses pleines capacités.»

En plus de la main-d’œuvre qui se fait rare, la présence de personnes vulnérables dans une équipe de travail apporte une ouverture d’esprit et une certaine culture à l’entreprise. «On peut même l’utiliser comme outil de marketing, soutient Caroline Arcand. Certains prônent l’écologie, d’autres, l’inclusion.»

Ayant souvent vécu de la discrimination et du rejet dans leur jeunesse et même plus tard, les personnes vulnérables vivent parfois un inconfort à solliciter les employeurs pour dénicher un emploi, explique Mme Arcand. Ils peuvent aussi avoir de la difficulté à se déplacer ou à se procurer de l’équipement. Le CSEPR soulève toutefois qu’il puisse aider financièrement ces personnes, que ce soit pour des vêtements ou du transport en vue d’obtenir un emploi.

Dans l’Est ontarien, Groupe Convex est une bonne source pour aider les personnes à risque à entrer sur le marché du travail. L’OBNL gère un réseau d’entreprises ayant une mission sociale.

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Photos

La crainte des employeurs d’engager des personnes avec un handicap, en plus de l’inconfort de celles-ci à cogner aux portes fait en sorte que de nombreuses personnes en situation vulnérables se retrouvent sans emploi. (123RF)

La directrice générale du Centre de services à l’emploi de Prescott-Russell, Caroline Arcand. (Archives Le Droit)

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  • Date de création 23 octobre, 2023
  • Dernière mise à jour 23 octobre, 2023
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