Agressions sexuelles à Sainte-Anne : le personnel se positionne

LAssociation des professeurs, professeures et bibliothécaires de lUniversité Sainte-Anne a soumis une lettre ouverte au recteur de l’établissement, le 7 septembre, afin de déclarer leur soutien aux personnes derrière la campagne Faut que SA change maintenant. 

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Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

« Nous manifestons notre profond mécontentement par rapport à l'inefficacité et le laxisme de l'administration dans l'application des mesures proposées [...] et à l'insensibilité avec laquelle l'initiative étudiante SA Change Now est traitée », déclare Gabriela Vellego, présidente de  lAssociation des professeurs, professeures et bibliothécaires de lUniversité (APPBUSA).

Dans cette lettre, la présidente insiste sur le fait que le comité sur la prévention de la violence en milieu d’étude a envoyé, en septembre 2021, un document au recteur de lUniversité Sainte-Anne (USA), Allister Surette, qui comprenait neuf recommandations afin de rendre le campus plus sûr pour les étudiants et le personnel.

Le syndicat a reçu un avis de réception de la part du bureau du recteur, mais aucune réponse formelle touchant à lapplication des mesures na été formulée.

Parmi les propositions, le comité mentionne le besoin dinstaller des téléphones ou des boutons durgence à différents endroits sur le campus, de concevoir un onglet accessible sur le site Internet de l'université pour trouver des ressources en matière de violence sexuelle ainsi que de créer un bureau d'équité, de diversité et d'inclusion, qui aurait pour mandat la prévention de la violence sexuelle.

De plus, le syndicat recommande la formation dune équipe de soutien accessible en tout temps, la révision des tâches des gardiens de sécurité de plus que la création d'un programme de sensibilisation obligatoire pour tous les membres de la communauté universitaire.

Ladministration de lUSA a présenté mardi dernier un bilan de ses travaux en lien avec la prévention de la violence sexuelle, qui inclut un plan damélioration de l’éclairage à lintérieur et à lextérieur du campus, soit lune des recommandations citées dans la lettre ouverte du syndicat.

Notons que lAPPBUSA avait soumis une lettre, le 10 juin 2022, exhortant ladministration à mettre en application la série de recommandations proposée lannée précédente.

« C’était grave » 

Le comité en question a été formé en 2021. La situation a évolué lorsque la professeure Andrea Burke-Saulnier, qui fait maintenant partie du bureau de lAPPBUSA, a fait part des inquiétudes exprimées par un membre de la communauté universitaire.

Mme Burke-Saulnier était choquée par les détails de son témoignage, notamment le nombre dincidents mentionnés. « C’était difficile à digérer », avoue-t-elle.

Elle sest tournée vers le syndicat des professeurs pour inciter au changement, ce qui a mené à la création du sous-comité derrière la lettre ouverte.

Deux ans plus tard, un groupe d’étudiants a décidé de lancer la campagne Faut que SA change maintenant en proposant ses propres recommandations : loffre dun service de conseil durgence, un soutien psychologique sur place, des accommodements universitaires pour les victimes ainsi que la désignation dun bureau pour le traitement de plaintes.

« Je suis tellement contente et fière que les étudiants lont pris en main », lance Mme Burke-Saulnier. Elle soutient quelle na jamais vu autant de bouleversement et d’évolution à lUSA. Elle est davis que, grâce aux apports du mouvement étudiant, les changements systémiques se font à un rythme qui surpasse le travail de lAPPBUSA.

Mme Burke-Saulnier souhaite que le rectorat réagisse plus rapidement et plus efficacement. Pour ce faire, il faudrait, selon elle, une reconnaissance formelle de la culture du viol et une présentation plus concrète des actions à faire. « Une fois que nous reconnaissons ensemble que ça existe, je trouve que là, nous pouvons avancer ensemble », explique la professeure.

Selon lOrganisation des Nations unies, la culture du viol est un « ensemble de comportements qui banalisent, excusent et justifient les agressions sexuelles, ou les transforment en plaisanteries et divertissements. Le corps des femmes y est considéré comme un objet destiné à assouvir les besoins des hommes. Les commentaires sexistes abondent et ils créent un climat confortable pour les agresseurs. Dans une telle culture, la responsabilité de lagression repose sur la victime, dont la parole est remise en cause. »

Lindignation face à la situation 

Le jour même du lancement de la campagne Faut que SA change maintenant, Brian Gibson, professeur à lUSA, a réagi publiquement dans un texte dopinion publié par le Halifax Examiner, dans lequel il critique ladministration de luniversité.

Il est fier de voir les victimes prendre laffaire en main et dexiger le changement « de la part d'une administration qui, depuis très longtemps, ne répond pas aux étudiants ».

M. Gibson est impressionné par les retombées de la campagne. « D'une certaine manière, cette campagne est un exemple très encourageant de ce que les médias sociaux peuvent faire », fait-il remarquer.

Le professeur a pris la décision de ne pas joindre le comité sur la prévention de la violence en milieu d’étude de lAPPBUSA, car il « est entravé par le fait qu'il doit travailler dans les limites des rouages administratifs de cette université ». Selon lui, le comité nest pas en mesure de changer suffisamment les choses.

Questionné sur la prochaine étape à suivre pour faire face à la pétition Faut que SA change maintenant, la directrice des communications de lUSA a réitéré que leur priorité demeure la prévention de la violence sexuelle et quil sagit dun enjeu que luniversité prend très au sérieux.

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  • Date de création 13 septembre, 2023
  • Dernière mise à jour 13 septembre, 2023
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