À quoi vont ressembler les salles d’urgence cet été en Ontario?

Par Émilie Gougeon-Pelletier, IJL - Réseau.Presse - Le Droit|19 juin 2023

Les urgences de plusieurs centres hospitaliers de l’Ontario font face à des fermetures en raison des difficultés à combler la pénurie de main-d’œuvre. Avec l’été qui se pointe, des experts en matière de santé s’inquiètent.

Ils recrutent, ils forment, ils revoient la gestion des horaires. Les hôpitaux de la province font tout en leur pouvoir pour éviter une nouvelle vague estivale de fermetures temporaires des salles d’urgence, comme à l’été 2022.

Mais malgré tous les efforts pour palier aux problèmes de dotation de personnel dans les centres hospitaliers, «l’été sera long, chaud, et les problèmes seront les mêmes qu’à l’été dernier», prévient la présidente de l’unité de négociation de l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario pour l’Hôpital d’Ottawa, Rachel Muir.

En juillet dernier, l’infirmière auxiliaire à l’Hôpital d’Ottawa avait conseillé à la blague, mais pas vraiment, de ne pas tomber malade.

Elle disait que tout s’écroulait autour d’elle et de ses collègues. «Nous perdons des infirmières, c’est une vraie hémorragie», avait-elle insisté.

Cette fois-ci, Rachel Muir affirme que la situation est la même qu’à l’été derrière, mais que maintenant, le personnel est encore plus épuisé.

Elle note que le système hospitalier ne compte pas suffisamment d’infirmières qualifiées pour remplacer celles qui quittent — soit à la retraite, ou parce qu’elles n’en peuvent tout simplement plus.

Efforts

La ministre de la Santé Sylvia Jones a annoncé le renouvellement du financement qui aide les hôpitaux ruraux et du Nord à renforcer le personnel des salles d’urgence durant l’été, il y a deux semaines. Le programme était expiré depuis le 31 mars.

«Mieux vaut tard que jamais que jamais», souligne le coprésident de la Coalition de la santé d’Ottawa, Ed Cashman.

Selon la ministre Jones, ce programme aurait permis d’éviter près de 1500 fermetures temporaires d’urgences l’été dernier, en Ontario.

N’empêche, ce programme prendra fin après cette année, a-t-elle indiqué.

Le gouvernement ontarien met aussi beaucoup d’efforts pour attirer les professionnels de la santé internationaux, notamment en tentant de réduire les étapes bureaucratiques pour leur permettre d’entrer en poste rapidement.

Mais un peu comme le problème des salaires qui tardent à s’adapter à l’inflation, les postes de personnel de la santé tardent à être pourvus, souligne Rachel Muir.

«Le processus est tellement long et laborieux, que même s’ils sont là et prêts à travailler, ils ne peuvent pas à cause de toute la paperasserie. Et on ne peut pas non plus commencer à les faire travailler sans que tout soit en ordre, parce qu’elles doivent être en mesure de pratiquer en toute sécurité, sans mettre à risque leur permis de pratique et leur carrière», déplore l’infirmière auxiliaire.

Difficile dans les régions rurales

Ce sont surtout les hôpitaux de taille communautaire des régions rurales pour lesquels il faut s’inquiéter, note Ed Cashman.

«On craint que cet été, ce sera vraiment difficile, voire pire que l’été dernier.»

—   Ed Cashman

Il s’inquiète que la fermeture permanente des urgences de l’Hôpital de Minden, situé à environ 200 km au nord-est de Toronto, annoncée le 1er juin, soit de très mauvais augure pour les autres petits hôpitaux de la province.

Dans cette région, les résidents se sont mobilisés pour tenter de contester la décision devant les tribunaux, mais sans succès.

Pour se rendre à Haliburton, où se trouve l’hôpital le plus près de Mindon, il faut rouler environ 25 minutes.

À Thessalon, dans le nord de l’Ontario, c’est une pénurie de médecins qui a forcé la fermeture temporaire du service des urgences, du 24 au 26 mai dernier.

Dans l’est de l’Ontario

Au cours des deux premiers weekends de juin, l’hôpital de Carleton Place (Carleton Place & District Memorial Hospital) a dû fermer ses urgences pendant 16 heures en raison du manque de personnel.

Les ambulanciers paramédicaux ont donc dû emmener les patients aux services d’urgence disponibles les plus proches, soit l’Hôpital général d’Almonte, l’Hôpital Queensway Carleton et l’Hôpital régional d’Arnprior.

Mais l’Hôpital régional d’Arnprior, situé à une soixantaine de kilomètres d’Ottawa, est lui aussi aux prises avec ses propres problèmes de dotation et a notamment été obligé de fermer ses urgences deux fois au cours du mois de mai.

La PDG de cet hôpital, Leah Levesque, avait affirmé dans une déclaration que les fermetures n’avaient pas pu être évitées, ajoutant ne pas pouvoir «garantir qu’il n’y aura pas d’autre fermeture temporaire».

Le centre hospitalier a expliqué que les fermetures temporaires ont été causées notamment par l’épuisement professionnel et par les travailleurs qui quittent la profession.

À Kingston, le centre de soins d’urgence de la clinique externe pour enfants limite le nombre de patients sans rendez-vous qu’il voit quotidiennement depuis le 1er juin.

L’Hôpital Glengarry Memorial, à Alexandria, a été désigné comme le pire de la province en ce qui concerne les fermetures de services d’urgence en 2022, selon une collecte de données effectuée par le Toronto Star.

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  • Date de création 19 juin, 2023
  • Dernière mise à jour 19 juin, 2023
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