À l’Île, ce sont les adultes qui manifestent à l’appel de Greta Thunberg
Le groupe Fridays for future appelait les jeunes du monde entier à manifester, le vendredi 25 septembre dernier, pour interpeller les leaders politiques sur l’urgence de la crise climatique. À l’Île-du-Prince-Édouard, on a vu plutôt des têtes grises devant l'édifice de l’Assemblée législative.
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Laurent Rigaux
Initiative de journalisme local – APF – Atlantique
À midi ce vendredi, une quarantaine de manifestants se rassemblent devant Province House, à Charlottetown. À l’initiative de la célèbre activiste Greta Thunberg qui a lancé ce mouvement de grève scolaire pour le climat, des jeunes du monde entier se réunissent dans leur pays. Plus de 3000 évènements sont recensés sur la planète. À Vienne, en Autriche, entre 2500 et 6000 manifestants ont été dénombrés selon les sources. À Berlin, en Allemagne, entre 10 000 et 21 000. À Halifax, ils étaient environ 500.
«Au Canada atlantique, nous sommes plus passifs.»
À Charlottetown, les organisateurs avaient vu les choses en grand devant l’Assemblée en créant des périmètres avec des rubans pour respecter les consignes sanitaires, notamment la jauge de 50 personnes. Au début de la manifestation, une quarantaine de personnes s’étaient regroupées, surtout des adultes, ceux-là mêmes que Greta Thunberg supplie d’écouter la science.
«Nous sommes un groupe d’action pour soutenir la jeunesse, explique l’un des organisateurs, Doug Carmody,. Au Canada atlantique, nous sommes plus faciles à vivre, plus passifs, nous n’aimons pas la confrontation. Il y a beaucoup de procrastination alors que c’est une urgence climatique!» Selon lui, les adolescents de l’Île ne s’engagent pas assez et ne sont pas assez soutenus par leurs enseignants, alors que l’anxiété gagne les jeunes générations.
Au microphone, l’étudiante de l’Université de l’Î.-P.-É, Roxanne Kleinveldt, demande à chacun de ramasser un bout de plastique par jour. «Ça fait 365 bouts de plastique en moins dans la nature par an!», dit-elle. La coorganisatrice de l’évènement, Marilyn McKay, prend le relai pour évoquer le récent discours du Trône qu’elle juge «optimiste», même si les associations environnementales évalueront le gouvernement «sur les actes».
Le maire de Charlottetown répond aux questions
Dans le public, peu de politiciens. Seuls le député libéral de Charlottetown-West-Royalty, Gord McNeilly , le député vert de Charlottetown-Brighton, Ole Hammarlund, et l’ancienne candidate du Parti vert à l’élection fédérale pour Charlottetown, Darcie Lanthier, sont présents. Les deux verts prennent la parole rapidement, l’un pour vanter les «petits pas» et la rénovation de l'école élémentaire Sherwood qui sera écologique, l’autre pour critiquer le discours du Trône du gouvernement libéral de Justin Trudeau à Ottawa.
Au bout d’une heure, les manifestants partent en direction de la mairie de Charlottetown, marchant sur le trottoir sans bloquer la circulation. Le maire Philip Brown va à leur rencontre pour recevoir une déclaration et répondre aux questions nombreuses des activistes du climat. Les bus propres, l’énergie, les normes dans le bâtiment, les sujets et les interrogations sont complexes. «Dans une petite province, c’est plus facile d’interpeller directement les politiciens, estiment Margarita et Peter, un couple de résidents saisonniers venus du Québec. Et on pose des questions au maire sur des sujets dont il a la compétence.» Philip Brown reconnaît devant les manifestants que l’action «ne va jamais assez vite». Il promet de nouvelles réglementations et évoque l’enjeu du chauffage au bois «qui pollue».
Après un détour au bureau du député fédéral Sean Casey, absent, la manifestation est revenue à son point de départ. Les organisateurs rappellent qu’ils manifestent tous les vendredis, de 16 h à 17 h, depuis le lancement du mouvement.
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PHOTOS : (incluant titre de la photo, légende et crédit du photographe ou courtoisie)
Toutes les photos : Laurent Rigaux
- Les manifestants se sont réunis devant l'édifice de l'Assemblée législative avec un mot d’ordre : l’action climatique maintenant.
- Étudiante à l’Université de l’Î.-P.-É, Roxanne Kleinveldt , demande à tous de faire leur part. «Si vous pensez être trop petit pour faire une différence, vous n’avez jamais passé la nuit avec un moustique», lance-t-elle, citant un proverbe africain.
- Une quarantaine de personnes ont répondu à l’appel de Fridays for future Climate Action Group PEI.
- L’une des organisatrices de la manifestation, Marilyn McKay, s’est déclarée satisfaite du discours du Trône fédéral, mais reste prudente sur les gestes qui suivront ou pas.
- Le député vert de Charlottetown-Brighton, Ole Hammarlund, a rejoint la manifestation.
- L’ancienne candidate du parti vert à l’élection fédérale pour Charlottetown, Darcie Lanthier, était aussi présente à la manifestation.
- Les étudiants de l’UPEI, Roxanne Kleinveldt, Colin Jeffrey et Tessa Janes, regrettent le manque de soutien des enseignants de l’Île pour que le mouvement de grève pour le climat ait plus de succès parmi les jeunes.
- Le maire de Charlottetown, Philip Brown, a été interpellé par les manifestants sur sa politique pour la ville et le climat.
- Margarita et Peter apprécient le fait de pouvoir parler directement au maire à propos des règlementations municipales. Le sujet des normes énergétiques dans les bâtiments leur tient particulièrement à cœur.
- Nombre de fichiers 7
- Date de création 27 septembre, 2020
- Dernière mise à jour 27 septembre, 2020