À la rencontre la Nation métisse du Témiskaming

Le Voyageur a été à la rencontre de deux membres du Conseil Métis de la communauté du Témiskaming. Ils parlent autant de leur culture qu’ils témoignent de la réalité de la Nation métisse. 

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Marc Dumont 

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

«Notre culture est unique! Elle se manifeste quand on a de grosses célébrations avec beaucoup de nourriture et beaucoup de musique», explique Pierre Descôteaux, membre du Conseil Métis de la communauté du Témiskaming. «On n’attendait pas Noël, c’était toutes les semaines!»

«Tout le monde venait, on se rencontrait chez ma grand-mère et c’était un party de cuisine. Après le repas, il fallait déménager les meubles sur la véranda et on sortait le violon. La famille est extrêmement importante dans notre culture. Il y avait beaucoup d’entraide; on vivait aux alentours de l’autre; on était proches», ajoute Laurette McKnight, présidente du Conseil Métis de la communauté du Témiskaming. «Avec nos célébrations, notre musique et nos danses, c’est là qu’on a développé notre culture distincte, vivante.»

La chasse et la pêche 

«La chasse et la pêche ont une grande place. Comme enfant, il y a des jours où ma grand-mère m’attendait après l’école pour aller à la pêche et attraper du poisson pour le souper», raconte Pierre Descôteuux. «Pour la chasse, il n’y avait pas de différence entre les gars ou les filles. Ma fille de 13 ans a tué son premier orignal cet automne!»

«On a une langue unique : le michif. C’est un mélange du français et de langues indigènes. À l’école on se faisait corriger», dit Pierre Descôteaux. «Autrefois, on cachait notre appartenance à la Nation métisse. Si tu étais Métis et francophone, tu étais deux fois minoritaire; tu ne le disais pas : tu en avais honte! »

Volontariat

«Aujourd’hui, le nuage se dissipe. On a construit le Canada et on a à être fier de ça», affirme Pierre Descôteaux. «C’est pour cela que je fais partie du Conseil; pour aider nos citoyens et promouvoir notre culture. Plusieurs l’ont perdu. Je veux qu’ils connaissent notre culture. «Venez nous voir, la porte est ouverte!».

Pour Laurette McKnight, son implication dans la Nation métisse est importante. «Les gens déménagent. Les grands-parents étaient le centre de la vie métisse. On a perdu notre ancre. Quelque chose en moi me pousse à vouloir promouvoir, enseigner, partager notre culture et aider les miens maintenant que la Nation métisse est reconnue», ajoute Laurette McKnight.

En effet, les Métis forment une Nation et sont reconnus au même titre que les Premières Nations et les Inuits, en vertu de l’Article 35 de la loi constitutionnelle de 1982. 

Un large territoire 

Le Conseil Métis de la communauté du Témiskaming couvre le territoire de Temagemi à Kirkland Lake et de Matachewan à la frontière avec le Québec. «Nous avons 235 membres vérifiés et probablement qu’il y en aura plus qui vont se manifester maintenant que la Nation métisse est reconnue. Avant, il y en avait beaucoup qui se disaient que ce n’est pas important. On encourage nos citoyens à venir se joindre à nous. Le nombre, c’est important pour avoir une voix», précise Laurette McKnight.

Le Conseil Métis de la communauté du Témiskaming est l’un des quatre conseils de la région 3 de la Nation métisse de l’Ontario. Les quatre présidents se réunissent pour identifier des priorités d’action et de programmes et les quatre conseils en discutent avant que ce ne soit adopté.

Les programmes touchent la famille, les gens âgés, les jeunes de 0 à 12 ans et depuis peu l’éducation. Il est maintenant possible pour un Métis d’obtenir une bourse d’études pour l’université, le collège ou une formation dans un métier. Il y a aussi de l’argent pour les dépenses en santé qui ne sont pas déjà couvertes.

La question de l’autonomie 

La reconnaissance de la Nation métisse étant officielle, elle veut obtenir son autonomie de gouvernance. C’est que présentement, toutes les subventions reçues par les Métis viennent avec des conditions du gouvernement. La Nation métisse de l’Ontario qui reçoit les subventions les distribue aux 9 conseils de la Nation métisse.

«Les priorités ne sont pas les mêmes partout. On veut notre gouvernement local. On veut que ce soit notre région qui gère nos affaires», dit Laurette McKnight. «Présentement. On n’a même pas le droit d’acheter une bâtisse. On ne veut plus que tout soit décidé d’en haut, mais que ce soit en fonction de nos besoins.»

 

 

«Comme c’est là, les règlements du gouvernement imposés à la Nation métisse de l’Ontario causent des frictions entre nous», s’insurge Pierre Descôteaux. «La question du statut Métis agace. Pour être un citoyen vérifié, le Métis doit produire des documents. S’il t’en manque un seul ou s’ils n’ont pas le bon vocabulaire; tu n’es pas accepté comme Métis. Il y a eu des feux, des inondations qui rendent ça impossible! On a des personnes qui sont avec nous depuis quarante ans et que tout le monde les voit comme Métis, mais ils n’ont pas le droit aux services», regrette-t-il. 

Statut Métis

Pour devenir membre de la Nation métisse, être un «citoyen vérifié», un Métis doit démontrer que ses ancêtres vivaient ensemble dans la même région géographique et partageaient un mode de vie commun avant 1904. En Ontario, il y a 26 470 citoyens inscrits et répartis sur 9 conseils.

Les familles métisses se trouvent historiquement le long des voies navigables de l’Ontario entourant les Grands Lacs et s’étendent jusqu’à ce qu’on appelait le Nord-ouest historique. Il n’y a pas de Métis à l’est de l’Ontario.

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BV : Laurette McKnight, présidente du Conseil Métis de la communauté du Témiskaming - Photo : Courtoisie

 

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BV : Pierre Descôteaux, membre du Conseil Métis de la communauté du Témiskaming - Photo : Courtoisie

 

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BV : Siège du Conseil Métis de la communauté du Témiskaming - Photo Page facebook Métis Timiskaming

 

 

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  • Date de création 15 avril, 2024
  • Dernière mise à jour 15 avril, 2024
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