À 13 ans, il met son imprimante 3D au service des soignants
La tête sur les épaules et dans les étoiles ! Owen Plumb est un Franco-Albertain de 13 ans qui rêve de devenir ingénieur en aérospatiale. Mais pour l’heure, cet élève de l’école Beausoleil d’Okotoks garde les pieds sur terre. Il est l’une des centaines de petites mains qui œuvrent chaque jour pour lutter contre la pandémie en fabriquant des masques avec visière pour le personnel soignant de la région.
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Inès Lombardo
Initiative de journalisme local – APF - Ouest
Fou de technologie et d’impression 3D, l’adolescent franco-albertain, vainqueur de plusieurs compétitions dans son club de robotique Stratobots, explique avoir été contacté il y a trois semaines par l’entreprise tchèque d’impression 3D Prusa Research. Face à l’expansion du virus, cette dernière a envoyé un courriel à ses clients, dont Owen, exposant un défi que de nombreux pays tentent de relever : produire une quantité d’équipement nécessaire pour le redistribuer et éviter la pénurie de protection.
700 visières produites en deux semaines
Le Canada ne fera pas face à un manque d’équipement, selon le premier ministre Justin Trudeau, qui a toutefois reconnu que les soignants étaient amenés à étirer leur utilisation dans le temps, par peur d’en manquer. Une crainte qu’Owen et la communauté Facebook d’imprimeurs et de volontaires basés à Calgary et Okotoks tentent d’endiguer.
Ainsi, du haut de ses 13 ans, il a décidé de rendre cette période de confinement productive. Il se procure le matériel, de grandes plaques de plastique bleu, qu’il découpe au laser chez Fuse 33 Makerspace à Calgary. Son travail est d’en faire des brides de fixation qui surmontent et maintiennent la visière transparente. Puis, il les lave avec des produits techniques fournis par une entreprise de la région, les assemble et les met dans des cartons stockés chez un médecin du coin. En deux semaines, lui et ses camarades ont produit près de 700 visières. Ils espèrent arriver à 1000 la semaine prochaine.
L’impression de deux visières prend environ deux heures. Le quotidien du jeune homme est désormais rythmé par la production : « Je me lève et deux heures plus tard, je sors les premiers résultats… Je suis heureux de pouvoir aider. », assure-t-il.
L’aide abondante se heurte à un manque de matière
La difficulté à laquelle Owen fait face ces derniers jours est le manque de matières premières : « De nombreuses personnes et entreprises se sont manifestées pour aider de la même façon que nous », rapporte Owen.
Résultat : les compagnies productrices de la région, sollicitées à outrance, ne parviennent pas à répondre à la demande. « C’est devenu plus dur de trouver de la matière. On doit faire des recherches parmi les sociétés qui pourraient nous vendre… C’est très long ! », précise-t-il.
Mais Owen est patient, tout comme sa famille et ses connaissances qui l’aident. Ce n’est pas la première embûche pour se procurer le matériel : au début, ses parents ont dû investir de leur poche. Heureusement, ils ont rapidement été aidés par les 5000 $ récoltés sur GoFundMe et les 2000 $ accordés par le Rotary club. Des sommes suffisantes pour couvrir tout le matériel et créer environ 1000 visières.
La distribution des visières suspendue à l’obtention d’un permis
Ces dernières sont stockées en attendant que le petit groupe d’apprentis producteurs reçoive la permission officielle du gouvernement canadien de pouvoir donner ces objets médicaux. « Si nous ne l’obtenons pas, il sera toujours possible de les offrir à des centres médicaux, indique l’adolescent. Des organismes pourront aussi les redistribuer aux services essentiels ».
Malgré les obstacles, Owen pratique sa passion en aidant. Son goût pour le 3D lorsqu’il a reçu un cadeau de Noël. Il y a trois ans, l’impression de petits objets le fascinait déjà. Son trésor d’enfant à lui, c’est une imprimante 3D. Pendant un an, il espère l’acquérir. Son vœu s’exauce rapidement : « Les imprimantes de Prusa sont les meilleures au monde », sourit-il, perdu dans ses rêveries technologiques. Depuis, ses créations alternent entre figurines de toutes sortes et petits objets pour réparer les désagréments de la maison, comme une roue de lave-vaisselle. À cette liste, s’ajoutent les visières et d’éventuels projets dans la même veine : son imprimante pourrait bien créer des stéthoscopes dans les semaines à venir.
Sa mère Nadia Plumb ne cache pas sa fierté : « Depuis le confinement, certains enfants dessinent des arcs-en-ciel sur les fenêtres. Owen et d’autres font des visières. Ce n’est pas commun pour un enfant de s’occuper de cette façon, mais il veut aider et s’il peut le faire… C’est bon d’avoir un tel projet ! » Quelque chose nous dit que ce ne sera pas sa dernière création.
Encadré
Si le jeune homme décrit ce processus dans un français parfait, c'est grâce à ses parents, tous deux fortement attachés à cette langue. Son père Kevin l'a appris lors de son passage dans l’Armée canadienne. Aujourd’hui, il l’enseigne. Du côté de la mère d’Owen, un échange en Belgique, où elle a des ancêtres, a renforcé son lien avec la langue française. Choisir ce pays faisait doublement sens pour elle: « En tant que Canadienne, je voulais parler une langue que je pourrais utiliser le plus souvent», détaille-t-elle.
Lorsque le couple a eu des enfants, choisir l'école francophone près de chez eux a été naturel. Owen et sa soeur ont donc pu parler français dès l'âge de 3 ans. «Vivre et travailler en français pourra leur ouvrir de nombreuses portes », espère Nadia, avant de retourner aider son fils.
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Légende
Photos 1 et 2: Owen Plumb, 13 ans, utilise son imprimante 3D depuis deux semaines pour fournir de l’équipement au personnel soignant qui lutte contre la COVID-19. (Courtoisie)
Photo 3 : Des plaques de 4 pieds sur 8 sont découpées au laser pour être ensuite modélisées à l’ordinateur et imprimées. (Courtoisie)
Photo 4: Si Owen espère atteindre les 1000 visières la semaine prochaine, après avoir franchi ce palier, la nature du projet changera peut-être pour fabriquer des stéthoscopes. (Courtoisie)
Photo 5 : Owen (en haut à gauche) et la communauté de Calgary et Okotoks qui vient en aide au projet. (Courtoisie)
- Nombre de fichiers 6
- Date de création 27 avril, 2020
- Dernière mise à jour 27 avril, 2020