65 ans plus tard, des octogénaires dynamiques se retrouvent avec bonheur au Vieux Couvent

La fin des études secondaires a sonné pour des centaines d’élèves de la région (voir notre cahier spécial). De 1924 à 1969, les Sœurs de la congrégation de Notre-Dame-du-Sacré-Cœur ont enseigné au couvent de l’Immaculée-Conception à Bouctouche, aujourd’hui le Musée de Kent. Dimanche 25 juin, des anciennes de la classe de 1958 y ont fêté leur 65e anniversaire de graduation.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

 

   «Mon année scolaire au couvent a été la plus belle de ma vie. C’est pour ça que j’ai toujours voulu organiser les retrouvailles», témoigne Anita Pellerin. La résidente de Shediac, qui est une meneuse née, a vite trouvé ses marques et imprimé la sienne au couvent de l’Immaculée-Conception. Par un concours de circonstances, elle y est arrivée trois semaines après le début de la rentrée scolaire de 1957. Dès le commencement, elle a fait sentir sa détermination.

   «On m’a dit qu’il n’y avait pas de place pour moi. J’ai répondu : c’est ce que tu penses! J’ai ma valise et tout mon linge dans l’auto, alors vous allez me faire de place, parce que je reste!», a-t-elle relaté à ses amies en faisant jaillir leurs rires.

   Son beau tempérament a rapidement impressionné les autres filles de la classe, peut-être plus timides. Peu après, lorsque vint le temps d’élire la présidente de la classe, l’une d’elles a suggéré à Anita de poser sa candidature. La future enseignante était réticente, car les autres ne la connaissaient pas. Pourtant, elle a été élue!

   Présentes dans le public, d’autres anciennes ont profité de ces joyeuses agapes dominicales. Parmi elles, trois sœurs : Sœur Aldora Allain (classe 1959), Jeannine Allain Cormier (classe 1961) et Lucia Allain Duplessis (classe 1964). L’an prochain, les classes de la plus âgée et de la plus jeune fêteront respectivement leurs 60e et 65eanniversaires. Pourtant, faute de « leader » de la trempe d’Anita Pellerin, rien n’est prévu pour les souligner.

   «Aujourd’hui c’est comme une première rencontre, confie Aldora. Je suis très contente de participer même si ce n’est pas mon année. C’est grâce à l’information dans le Moniteur que j’ai appris l’existence de cet événement.»

De l’Acadie à la Californie

   Thérèse Vienneau, de Petit-Cap, assiste presque toujours aux réunions de la classe 58. «C’est un réel plaisir d’être ici, affirme-t-elle. J’ai beaucoup de souvenirs à chaque fois. On mangeait dans cette salle où nous sommes présentement. Chacune avait sa place, on était toujours avec les mêmes personnes. Nélida (Maillet), qui est là-bas à l’autre bout de la table, était en face de moi.»

   Une mention spéciale revient toutefois à Yvette Maillet, qui a fait le voyage de San Diego (Californie) où elle réside depuis 55 ans. Avant elle, sa mère a étudié elle aussi au couvent de Bouctouche. Yvette profite de ce séjour quinquennal pour passer deux semaines de vacances dans sa famille qui habite autour de Shediac.

   «Durant cette année scolaire, je me suis fait de bonnes amies. J’ai de bons souvenirs du couvent. Les sœurs qui essayaient de nous élever, sans vraiment y parvenir, étaient bien gentilles», raconte-t-elle dans un gloussement de rire.

   Animatrice de la rencontre à laquelle ont participé 15 anciennes élèves (sur 29 à l’origine), Anita a demandé à ses amies de se souvenir de celles qui ne sont plus de ce monde : Corinne Allain, Delma Bastarache, Jeannine Cormier et Juliette Cormier. Toutes ont également eu une pensée pour leur enseignante qui n’avait que sept ans de plus qu’elles : Sœur Aurèle-Marie (née Edith Léger) est décédée le 7 juin 2022.

   Directeur du musée de Kent, Pierre Cormier raconte que les sœurs de Notre-Dame-du-Sacré-Cœur, dont la congrégation fut approuvée par le pape Pie XI en octobre 1923, ont contribué à former des générations d’éducatrices. Blanche Bourgeois et Marguerite Maillet ont étudié dans ces murs. «Cela a changé la face de l’enseignement en français au Nouveau-Brunswick.»

   Le mot de la fin revient à l’espiègle et optimiste Anita Pellerin, survivante d’un cancer depuis près de 61 ans (voir notre édition du 17 août 2022). «Moi qui n’avais pas de sœur, le Seigneur m’en a prêté 86. J’ai été chanceuse et j’ai aimé la vie. J’ai rien à r’gimber d’sus, comme dirait la Sagouine».

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Photos

Titre : Classe 58

Légende : La classe 58 du couvent de l’Immaculée Conception. Curiosité : il y avait un seul garçon, Jacques Michaud, de la parenté d’Antonine Maillet, nous dit Anita Pellerin. Jacques était un élève externe donc ne logeait pas au couvent.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Toast

Légende : Anita Pellerin, l’âme de ces retrouvailles quinquennales, porte un toast avec ses amies.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Yvette Maillet

Légende : Yvette Maillet a fait le voyage depuis la Californie pour assister aux retrouvailles et passer deux semaines en famille à Shediac.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Thérèse Vienneau

Légende : Thérèse Vienneau n’a que de bons souvenirs de son année scolaire et aime se les rappeler avec ses amies.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Sœurs Allain

Légende : Les sœurs Lucia, Aldora et Jeannine Allain ont respectivement reçu leur diplôme en 1964, 1959 et 1961. Elles ont aimé partager les retrouvailles de la classe 58 qui étaient ouvertes à tout le monde.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

  • Nombre de fichiers 7
  • Date de création 4 juillet, 2023
  • Dernière mise à jour 4 juillet, 2023
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