60 % des travailleurs de la santé sont victimes de violence

Les actes de violence verbale ou physique sont devenus un problème quotidien dans les hôpitaux du Nord de l’Ontario depuis la pandémie. Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) attire l’attention de la population et du gouvernement sur ce problème grandissant. Il demande que des investissements soient faits pour rétablir la stabilité du système de santé, meilleure solution pour enrayer le problème.

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Julien Cayouette

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

Dans une étude menée par Orale Research pour le compte du SCFP, 60 % des répondants du Nord de l’Ontario ont rapporté avoir été victimes de violence physique commise par des patients; 65 % ont constaté une augmentation des incidents violents pendant la pandémie. 

Le Nord de l’Ontario a vu la plus grande augmentation d’actes violents avec des armes; 28 % alors que c’est 18 % ailleurs en province. Dans l’Est, la discrimination a connu la plus forte augmentation en raison de la race qui a le plus augmenté. «Plus souvent, c’est avec des couteaux. Mais il y eu des incidents avec des fusils», rapporte la vice-présidente francophone du SCFP, Mélanie Viau, qui travaille aussi à l’Hôpital Montfort.

Les constats ne se limitent pas à la violence physique. Cinquante-quatre pour cent des répondants disent être victimes de violence verbale — comme des insultes ou de l’intimidation — au moins une fois par semaine ou quotidiennement. Des situations de harcèlement sexuel se produisent à la même fréquence pour 26 % des répondants et les agressions sexuelles de nature physique pour 13 % d’entre eux.

Les travailleurs racisés sont aussi affectés autrement. Cinquante-neuf pour cent disent subir du harcèlement ou de l’abus en lien avec leur ethnicité au moins une fois par semaine ou quotidiennement.

Le sondage a été mené du 17 au 24 mai auprès de 239 infirmières et infirmiers auxiliaires autorités.es, préposés aux services de soutien à la personne de préposés au nettoyage et du personnel administratif du Nord de l’Ontario. De ceux-ci, 91 % sont des femmes. À la grandeur de l’Ontario, 2300 personnes y ont participé.

Il s’agit de la première étude sur le sujet dans les rangs du SCFP, alors il n’y a pas de point de comparaison, mais les représentants du syndicat affirment qu’ils discutent de la situation avec le gouvernement depuis une dizaine d’années.

Jamais de bonnes raisons, mais il y en a une

Le SCFP comprend le niveau de frustration des patients. Avec la pénurie de personnel et de lits dans les hôpitaux, le temps pour recevoir des soins est plus long. Leur patience et leur empathie sont mises à rude épreuve, mais le personnel ne peut pas en faire davantage. Ces actes restent inacceptables.

La solution passe donc par un meilleur financement du système de santé selon le syndicat. «Nous avons des équipes squelettiques et le personnel travaille parfois seul dans des conditions où ils sont très vulnérables aux attaques», affirme la représentante du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO) au sein du SCFP, Sharon Richer.

«Qu’on l’accepte ou non, la société canadienne a un niveau de tolérance élevé face à la violence contre les femmes et contre le niveau malsain de racisme qui s’infiltre dans les établissements de soins de santé», ajoute Sharon Richer.

S’ajoutent à cette impatience les personnes intoxiquées.

Horizon Santé Nord a récemment annoncé qu’ils allaient embaucher plus de gardiens de sécurité. Une décision félicitée par SCFP. 

La culture doit changer

Le système de santé de l’Ontario est en mauvais état et ce sondage démontre que la santé mentale de ses travailleurs est à risque. Soixante-quatorze pour cent des répondants affirment être anxieux ou extrêmement anxieux face à leurs conditions de travail.

«L’impact sur la santé mentale que dévoile le sondage est une bonne explication du nombre de travailleurs qui quittent le milieu de la santé de l’Ontario», indique Mélanie Viau. «Nous sommes ici pour demander que les directions des hôpitaux, le premier ministre et le ministre de la Santé cessent d’ignorer le problème et protègent nos travailleuses.»

«Les administrateurs ne priorisent pas la sécurité du personnel», souligne Sharon Richer. Ceux qui tentent de rapporter des abus se font parfois demander : «qu’est-ce que tu as fait pour le provoquer», au lieu d’être traité comme des victimes. Pour cette raison, ils appuient le projet de loi présenté deux fois par la députée de Nickel Belt, France Gélinas, qui vise à protéger les lanceurs d’alertes.

Les assauts physiques peuvent parfois mener à des blessures graves qui empêchent les gens de travailler. Mme Richer rapporte que, malgré les preuves et les témoins, les hôpitaux contestent trop souvent les demandes faites par les travailleurs auprès de WSIB. Une autre situation qui doit changer.

«Nos droits en tant que citoyens ne s’arrêtent pas quand on entre dans l’hôpital», illustre le président régional du CSHO, Dave Tremblay. Il croit qu’il recevrait plus d’aide de la police et des autorités s’il était attaqué dans la rue. «On blâme parfois la personne qui a été attaquée.»

 

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Dave Tremblay, Sharon Richer, Mélanie Viau et Dave Verch — Photo : Julien Cayouette

 

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La vice-présidente francophone du SCFP, Mélanie Viau — Photo : Julien Cayouette

 

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La représentante du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO) au sein du SCFP, Sharon Richer — Photo : Julien Cayouette

 

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Le président régional du CSHO, Dave Tremblay — Photo : Julien Cayouette

  • Nombre de fichiers 8
  • Date de création 21 juillet, 2022
  • Dernière mise à jour 21 juillet, 2022
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