16 jours pour lutter contre les violences fondées sur le genre

Le taux de violence envers les femmes au Yukon est quatre fois plus élevé que la moyenne nationale, rapporte Crickett Wilder, coordonnatrice de programme au refuge pour femmes à Dawson.

« Les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones courent un risque beaucoup plus élevé de subir des violences et d’être assassinées que les personnes non autochtones », ajoute-t-elle.

La situation des femmes a d’ailleurs empiré au Yukon depuis la pandémie, rapporte la directrice du Centre des femmes Victoria Faulkner, Sofia Ashley.

En effet, selon un rapport publié en septembre 2023 par le Conseil de la condition féminine du Yukon, « pour de nombreuses femmes, la pandémie s’est traduite par une baisse du bien-être, une augmentation de la précarité et une augmentation de la violence à leur égard ». L’étude indique également que les femmes ont subi des préjudices plus importants que les hommes.

Plusieurs facteurs causent cette violence selon Laurence Rivard, directrice des Essentielles, à savoir « la colonisation, l’isolement et l’accès limité aux ressources ».

Arts, mobilisation et éducation

Plusieurs actions seront organisées pour dénoncer la violence genrée tout au long de cette campagne.

Jusqu’au 27 novembre, plusieurs œuvres sont exposées à la galerie Arts Underground à Whitehorse. Dans cette exposition, intitulée Le pouvoir des petits actes de résistance, un collectif d’artistes explore ce que signifie « résister ».

« On fait aussi des mobilisations sur différentes thématiques, telles que la mobilisation sur la sécurité des femmes dans les taxis, rapporte Sofia Ashley. C’est un dossier qui traîne depuis longtemps. Les femmes sont souvent victimes d’agressions dans les taxis. On veut rappeler à la ville de Whitehorse que c’est un enjeu important et qu’elle peut utiliser ses outils législatifs pour s’assurer que les transports soient sécuritaires pour toutes. »

Par ailleurs, les organisations misent aussi sur l’éducation. « On part du principe que les inégalités de genre sont construites et inculquées dès la naissance, puis reproduites à l’âge adulte. En faire la promotion dès le plus jeune âge est une façon efficace de réduire la violence fondée sur le genre », explique Laurence Rivard.

Enfin, en plus d’un sondage en ligne et le passage d’entrevues individuelles pour comprendre les besoins des Franco-Yukonnaises, Les Essentielles organisent le 28 novembre une soirée vins et fromages pour recueillir les témoignages de femmes francophones.

L’organisme va également donner un atelier sur la promotion des relations égalitaires pour les parents d’enfants de 0 à 5 ans, qui se tiendra le 29 novembre.

Un rassemblement aura lieu le 6 décembre pour célébrer la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes, en souvenir des femmes assassinées lors de la fusillade survenue à l’école Polytechnique de Montréal le 6 décembre 1989.

« Ce sera un bon moment pour se recueillir et réfléchir sur l’évolution de la situation et de réaliser qu’il y a eu du chemin qui a été fait, mais qu’il y a encore beaucoup de travail à réaliser », commente Sofia Ashley.

Les Essentielles donneront une formation le 7 décembre sur l’inclusion féministe et antiraciste dans l’immigration francophone du Yukon. L’atelier aura lieu à la salle communautaire du Centre de la francophonie sur l’heure du dîner.

Ensemble et solidaires

Pour une deuxième année, les organismes féministes du Yukon se rassemblent autour du thème « ensemble et solidaires ».

« On reprend encore le même contenu parce que c’est tellement complexe. Tout le contenu qu’on a créé sur la violence fondée sur le genre a beaucoup rapport à l’intersectionnalité de la violence », ajoute Laurence Rivard.

En effet, selon la directrice des Essentielles, « il y a des intersections entre la violence basée sur le genre et d’autres enjeux, comme le problème du logement. On souhaite encourager les gens à voir les autres enjeux avec une lentille d’analyse sur comment ces derniers impactent la violence fondée sur le genre ».

« Si on agit sur des choses comme le logement, sur l’éducation à la sexualité dès la petite enfance, on agit sur la violence basée sur le genre. On répète donc ce message principalement pour que les gens prennent le temps de s’éduquer et de comprendre. »

Crickett Wilder encourage l’ensemble de la population yukonnaise à considérer la violence fondée sur le genre comme un phénomène qui a un impact sur leur vie et qu’elle peut changer en agissant.

Elle insiste sur le fait que la violence fondée sur le genre ne se limite pas à la violence corporelle et que l’abus émotionnel a souvent des conséquences durables pour les personnes survivantes.

Elle conseille d’apprendre les signes avant-coureurs de la violence, à reconnaître si quelqu’un présente un risque élevé de létalité et à connaître les aides qui existent dans nos communautés.

Enfin, Crickett Wilder invite à créer des liens avec d’autres personnes dans nos communautés qui sont intéressées par la création de communautés basées sur le consentement, l’équité et le savoir autochtone, car l’activisme peut être un travail épuisant et isolant selon elle.

« On a tous un rôle à jouer contre la violence basée sur le genre », conclut Laurence Rivard.

IJL – Réseau.Presse – l’Aurore boréale

-30-

  • Nombre de fichiers 3
  • Date de création 24 novembre, 2023
  • Dernière mise à jour 24 novembre, 2023
error: Contenu protégé, veuillez télécharger l\'article