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Semaine sainte : des fidèles à l'ère du numérique

Depuis quelques semaines, les paroissiens catholiques francophones de l'Alberta vivent au rythme de la pandémie. Églises fermées ou à l'accès limité, messes en direct ou en rediffusion sur les réseaux sociaux, tout est nécessaire pour garder le lien spirituel et communautaire. Certaines paroisses s'en remettent au diocèse faute de moyens, d'autres, plus chanceuses, s'équipent.

Arnaud Barbet - Initiative de journalisme local - APF - Ouest

L’abbé Noël Farman, de la paroisse Sainte-Famille à Calgary, voit dans le confinement une occasion de découverte exceptionnelle, inédite et bénéfique. « Le confinement, c'est un recueillement mystique et spirituel prédominé par l'aspect communautaire. C'est le temps de la contemplation et du repos spirituel. Un repos spirituel aux moyens de communication infinis où il est bon de prendre le temps et de communiquer avec l'autre. »

Ainsi, il insiste sur l'aspect positif et valorise les nouvelles technologies : « nous ne sommes pas en prison. Nous pouvons aujourd'hui, grâce au diocèse de Calgary, proposer à nos paroissiens une messe hebdomadaire en français sur Facebook. »

L'union spirituelle contre la solitude

Il nous invite aussi à prendre conscience de notre environnement en paix, loin des tristes conflits armés internationaux. Le confinement lui évoque l'Arche de Noé, ou plutôt une multitude d'Arches de Noé où chaque famille a le souci de se protéger, mais aussi de protéger l'autre dans une forte union spirituelle.

Quant à la messe de Pâques, qu'il a célébrée à huis clos à l'église Sainte-Famille, elle est pour lui un moment où « tous les prêtres du diocèse sont réunis spirituellement avec leurs paroissiens. Nous ne sommes jamais seuls. » C'est pour lui un sentiment de sacrifices, de crucifixion, accompagné d'une grande espérance.

Finalement, l'abbé Noël remercie Damien, ce petit garçon de huit ans qui a récemment partagé avec sa communauté une interprétation au violon de Gethsémani (chant liturgique) grâce à YouTube. « Ce fut un courant d'air rafraichissant pour tous les paroissiens qui l'ont vu sur notre page Facebook ».

À Saint-Thomas d'Aquin, les paroissiens se mobilisent

La question financière et la pérennité des emplois réglées, Caroline Maillet-Rao, agente de pastorale à la paroisse Saint-Thomas-d'Aquin d'Edmonton nous relate combien il était important de vivre la Semaine sainte avec ses fidèles. L’objectif : proposer un maximum de célébrations en direct pendant la semaine sainte et après. « C'était essentiel de vivre cela tous ensemble notamment pour garder notre communauté rassemblée, mais aussi à distance. »

Il a donc fallu créer une page Facebook, puis filmer les célébrations proposées par le père Jean-Claude Ndanga. Elle avoue que les débuts ont été un peu chaotiques, mais que très rapidement, « des paroissiens ont décidé de nous offrir leur expérience, mais aussi leur matériel pour que les messes soient aujourd'hui de très bonne qualité ». Elle se réjouit du résultat « quasiment professionnel ».

Ce n'est pas Monique Richer qui va la contredire. Impatiente de participer aux célébrations de Pâques ce dimanche, avec son mari Todd et ses deux fils, elle avoue que le fait de ne pas se déplacer était très pratique « pour préparer son pain de Pâques sans se lever à l'aurore », mais aussi très différent.

Elle insiste sur la connexion spirituelle, mais regrette un peu l'aspect communautaire. « On a réellement vécu la messe de la résurrection, par contre je dois dire qu'il nous a manqué la jasette avec nos amis et nos familles respectives. » Aujourd'hui, elle est très reconnaissante d'avoir pu vivre cela en direct, et va, c'est certain, continuer à suivre les messes de sa paroisse sur le petit écran, en espérant bien évidemment que le confinement soit de courte durée.

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Photo 1 :

L'abbé Noël dans une église Sainte-Famille désertée depuis les recommandations du diocèse face à la COVID-19.

Crédit: courtoisie paroisse Sainte-Famille

Photo 2 :

Le Père Jean-Claude Ndanga durant la messe ce dimanche pascal. Ils étaient près d'une centaine à le suivre sur Facebook à l'église Saint-Thomas-d'Aquin.

Crédit : courtoisie paroisse Saint-Thomas-d'Aquin

Photo 3 :

La famille Richer, avec (de gauche à droite) Alex (14 ans), Nicolas (16 ans), Monique & Todd et leur bible afin de pouvoir participer pleinement à cette messe de Pâques particulière.

Crédit : courtoisie

 

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  • Date de création 14 avril, 2020
  • Dernière mise à jour 15 avril, 2020
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